Améliorer une entreprise ou en créer une nouvelle : que dit la nature et la technologie ?

Savoir s’il est préférable d’améliorer une entreprise existante ou d’en créer une nouvelle est une question cruciale dans un monde en mutation constante. Pour y répondre, beaucoup font appel à la nature, en comparant l’évolution des entreprises à celle des espèces vivantes. Selon Darwin, dans la nature, ce ne sont pas les plus forts qui survivent, mais les mieux adaptés à leur environnement. Ce modèle darwinien a des implications directes pour les entreprises. Mais peut-on vraiment dire que les lois de la nature s’appliquent aux affaires ? Et que se passe-t-il lorsque la technologie entre dans l’équation ?

Dans la nature, c’est indiscutablement Darwin qui a raison. La sélection naturelle repose sur un principe simple : seules les espèces qui parviennent à s’adapter aux changements de leur environnement survivent et transmettent leurs gènes. En revanche, celles qui ne peuvent s’adapter disparaissent. Ce modèle trouve un écho direct dans le monde des affaires, particulièrement dans les secteurs soumis à de fortes pressions, comme le retail. Ce dernier, confronté à la transformation numérique et aux évolutions des comportements des consommateurs, a vu des entreprises incapables de s’adapter péricliter, tandis que d’autres, plus agiles, ont su tirer parti de ces bouleversements.

Prenons l’exemple de Toys “R” Us, emblématique du secteur du retail. Longtemps leader dans la vente de jouets, cette entreprise n’a pas su s’adapter à l’essor du commerce en ligne ni aux nouvelles attentes des consommateurs en matière d’expérience d’achat. Malgré des tentatives de modernisation, elle est restée prisonnière de modèles obsolètes, incapables de rivaliser avec des acteurs comme Amazon, qui incarne la nouvelle norme du retail digital. Cet échec illustre parfaitement le darwinisme appliqué à l’entreprise : ce ne sont pas les plus grandes ou les plus anciennes qui survivent, mais celles qui évoluent avec leur environnement.

En revanche, des entreprises comme Walmart ont su prendre le virage numérique à temps. Face à la concurrence d’Amazon, Walmart a intégré des technologies avancées, réinventé son système d’information, et misé sur l’omnicanal, combinant la puissance de son réseau de magasins physiques à des capacités numériques robustes. En adaptant progressivement son modèle tout en investissant massivement dans les plateformes en ligne, Walmart a démontré qu’il était possible de survivre en évoluant, plutôt que de créer un tout nouveau modèle d’entreprise.

Mais peut-on vraiment appliquer les mêmes lois de la nature à toutes les entreprises ? Certaines approches tirent davantage de Lamarck que de Darwin. Contrairement à Darwin, Lamarck croyait que les organismes évoluaient en réponse à leurs besoins, et que ces modifications pouvaient être transmises aux générations suivantes. Ce modèle peut être intéressant pour une entreprise qui cherche à se réinventer de l’intérieur, en adaptant ses processus et technologies au lieu de repartir de zéro.

Un bon exemple est celui de Decathlon, qui n’a pas créé une nouvelle entité pour s’adapter aux défis du numérique, mais a transformé en profondeur ses systèmes d’information et son organisation. En investissant dans des outils technologiques comme l’intelligence artificielle pour optimiser ses stocks ou les applications mobiles pour améliorer l’expérience client, Decathlon a su capitaliser sur son infrastructure existante. Il s’agit d’une approche lamarckienne d’évolution progressive, où les entreprises modifient leurs caractéristiques en fonction des besoins du marché.

Cependant, les limites de l’approche lamarckienne apparaissent lorsque le contexte change trop rapidement. Face à des évolutions technologiques rapides, telles que la montée de l’intelligence artificielle, du big data et des plateformes de commerce en ligne, certaines entreprises peuvent éprouver des difficultés à adapter leurs systèmes existants. Dans ces situations, il peut être plus pertinent de créer une nouvelle structure, agile et numérique dès sa conception, comme Zara l’a fait en intégrant des technologies comme la RFID ou des plateformes logistiques sophistiquées pour rester en phase avec l’évolution des attentes des consommateurs.

Dans le retail, la clé de la survie repose donc souvent sur la capacité à moderniser les systèmes d’information et à intégrer les nouvelles technologies. Une entreprise qui peine à adopter des solutions numériques comme le cloud, les plateformes d’analyse de données ou des outils d’intelligence artificielle risque de se retrouver désynchronisée par rapport à son environnement. Les systèmes d’information, lorsqu’ils sont alignés avec le modèle économique, permettent une flexibilité essentielle dans un environnement en constante évolution.

Alors, améliorer ou créer ? Dans de nombreux cas, Darwin nous enseigne que la création d’une nouvelle structure est souvent la meilleure réponse. Lorsqu’un environnement change rapidement, il peut être plus pertinent de repartir de zéro, en bâtissant une architecture technologique agile, adaptée aux réalités du marché. C’est ainsi que des entreprises comme Amazon ou Alibaba ont pu dominer le marché du retail, en s’appuyant sur des infrastructures conçues pour répondre aux exigences du digital.

Cependant, une entreprise bien établie, avec un système d’information moderne et une culture de l’innovation, peut encore s’améliorer et prospérer. L’évolution lamarckienne, dans laquelle des changements progressifs permettent d’ajuster une structure aux besoins du marché, reste une option valable, à condition que l’adaptation soit soutenue par une transformation technologique en profondeur.

En fin de compte, la loi du marché suit effectivement une forme de darwinisme : seules les entreprises qui s’adaptent survivent. Celles qui refusent de réformer leurs infrastructures technologiques, leurs systèmes d’information ou leurs processus risquent de disparaître, tout comme les espèces qui ne peuvent s’ajuster à leur environnement. Le retail, un secteur en pleine mutation, illustre bien cette réalité. Qu’il s’agisse d’améliorer une structure existante ou d’en créer une nouvelle, l’important est d’être à l’écoute du marché et de la technologie, de savoir quand évoluer et quand se réinventer.

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