Choisir un Partenaire pour son Infrastructure Numérique

Le cycle s’accélère, nous sommes entrés dans la 4ieme révolution industrielle. Aujourd’hui il est urgent de se réinventer pour survivre. Une simple amélioration de l’existant n’est pas suffisante.

Mais on ne construit pas un futur ambitieux sans un socle, une infrastructure technique, fonctionnelle, économique, sociétale solide. Le numérique est un nouveau socle qui ne cesse de prendre de l’importance. On admet communément que le futur se construit autour de la Data et de l’Humain. Le choix du ou des partenaires fournisseurs de l’infrastructure numérique est donc hautement stratégique. Il doit être valider par le comité de direction selon moi.

En m’appuyant sur  ma connaissance des technologies et des entreprises je vous propose une petite check-list de qualification.  Cette check-list se composera de deux catégories d’éléments: Une catégorie visant à évaluer le niveau de maîtrise du risque et une deuxième afin d’évaluer la capacité de projection sur les opportunités. On attend de l’infrastructure numérique comme de toute autre infrastructure, bâtiment, financière, « humaine », … qu’elle soit la plus prévisible possible mais également la plus agile possible pour capturer les opportunités.

On ne peut plus admettre que la gestion du risque limite la prise d’opportunité et que la prise d’opportunité augmente le risque.

 

Gestion du Risque –  Exigences sur l’infrastructure numérique

  • Gestion de l’IP

Les entreprises vont devoir devenir des entreprises du numérique. Il va donc falloir qu’elles apprennent très rapidement à développer des savoir-faire digitaux sur leur cœur business et en maîtriser la propriété industrielle. Amazon a été la première à exploiter cela dans la distribution et maintenant les walmart, Kruger, par exemple investissent massivement le sujet. Kruger était sur le stand de Microsoft lors de la NRF2018 pour présenter ses étiquettes électroniques et Walmart dépose de multiples brevets comme en Août dernier le brevet « System and Method for a Biometric Feedback Cart Handle ».

  • Les données

On considère la donnée comme le carburant de l’économie. Les entreprises se doivent aujourd’hui de les collecter, maîtriser, gérer. En cas de défaillance, le risque pour l’entreprise est vital. En cas de sous-utilisation c’est du potentiel qui est perdu. La performance des entreprises sera dans la maîtrise du pattern Data/Information. 90% des entreprises dites « too big to failed » utilisent le cloud Azure.

  • La scalabilité

L’infrastructure numérique ne doit n’y être un poids notamment financier si non utilisée, ni une source d’inertie dans les moments d’accélérations. Et aujourd’hui les accélérations peuvent survenir à tout moment et être massives. Les entreprises doivent être en capacité de libérer les opportunités de croissances exponentielles et clôturer immédiatement les fins de cycles ou les échecs.

  • La régulation, normalisation

En fonction des pays et activités que vous souhaitez couvrir, il est important que le plus simplement possible vous puissiez bénéficier de la localisation des infrastructures publiques, on parle de régions, et de leurs certifications associées. En fonction des pays les réglementations sur le stockage, le traitement, la vente, …, des données peuvent varier. Il en est de même pour les certifications données de santé, payement, … Cette « agilité » portée par l’infrastructure doit vous permettre d’accélérer sur de nouveaux pays ou nouveaux services par exemple.

  • La géopolitique

Les tensions internationales augmentent. Afin de minimiser les risques liés à la géopolitique  il est important que l’infrastructure numérique puisse s’appuyer sur des ressources locales au besoin. Le déplacement des ressources data/applicatifs/services doit être simple, rapide. Les ressources locales peuvent être un cloud public, un cloud privé ou sa propre infrastructure. L’infrastructure doit donc être hybride.

  • Les défaillances économiques

Dans une économie en réseau la performance résulte directement de la capacité à créer ou tuer des relations avec des tiers. Dans ce modèle il est important à la fois de comprendre rapidement le modèle économique de ce partenaire et sa solidité:

Modèle économique pour comprendre d’où vient son revenu et est-ce que je ne serai pas d’une certaine manière son produit (un deal œuf beacon)

Solidité financière pour valider qu’il sera bien capable de m’accompagner dans ma croissance.

  • La capacité à déployer et à gérer une qualité qualifiée

L’Infrastructure choisie doit pouvoir répondre à une qualité de type « entreprise » pour son déploiement et son exploitation. Dans le choix de l’infrastructure il faudra veiller qu’elle puisse bien se mettre au niveau de  l’entreprise,  ce niveau pouvant être variable en fonction du secteur d’activité de l’entreprise. Quand on parle d’infrastructure ici on va penser aux équipes commerciales, chefs de projets, supports, … Un savoir-faire « d’entreprise » se conquiert très souvent par l’expérience.

  • Trouver des ressources

Les métiers autour de la donnée, de l’informatique et plus globalement du digital sont en tension et cela partout dans le monde. Le choix de l’infrastructure devra donc se faire en fonction de la capacité à trouver ou former des compétences.

  • Rester libre

Toute forte adhérence à un tiers est un risque. Si le choix est fait de se lier, la confiance dans le bénéfice espéré doit être forte. Pour piloter habilement ce choix il est important que l’infrastructure sur chaque sujet propose l’alternative Open Source ou solution propriétaire optimisée.  La solution propriétaire peut d’ailleurs reposer sur une souche Open Source ou avoir des APIs de solutions Open Source.

  • Innovation responsable

La responsabilité sociétale des entreprises est un sujet de plus en plus discuté voir notamment le projet de loi PACTE. Il est donc important que l’infrastructure digitale puisse participer à cette dynamique.  On peut par exemple citer le développement de l’Intelligence Artificielle qui si il n’est pas guidé par une très forte éthique risque de mettre les entreprises dans des situations délicates. Il en est de même pour le stockage et traitement des données, utilisation des devices, l’IoT, … Votre fournisseur d’infrastructure doit donc avoir un positionnement fort sur l’éthique et globalement l’inclusion.

  • Investissement sur le long terme

On ne change pas facilement d’infrastructure. Il faut donc qu’elle puisse s’inscrire dans le temps. L’accélération du cycle d’introduction des innovations de rupture sur les piliers de la quatrième révolution industrielle, le physique, le digital et le biologique requiert que le fournisseur de l’infrastructure investisse massivement sur la recherche fondamentale.  On peut prendre pour illustration le stockage mémoire sur brins d’ADN artificiels ou la mécanique quantique.

  • Modèle fournisseur ou modèle partenaire

Quel type de relation avoir avec son opérateur d’Infrastructure? On doit pouvoir opter pour un modèle client fournisseur ou un modèle partenaire/partenaire. Dans le premier cas on sera sur un rapport de force avec une négociation forte sur les prix et services. Dans le second cas on s’inscrira dans un modèle de partage de flux. On parlera alors de co-investissement, co-marketing, co-sell, … L’entreprise sera alors en quelque sorte un distributeur de l’opérateur de l’infrastructure.

  • Impact environnemental

Le sujet du dérèglement climatique prend de l’ampleur et les entreprises doivent s’y préparer. Les sujets sont nombreux: réduction de l’impact,  recyclage, traçabilité, transparence, engagements… L’infrastructure numérique est un pivot sur tous ces sujets. Il est donc fondamental que l’opérateur puisse à la fois se sentir mobilisé mais également être en situation d’accompagner les entreprises sur chacun des sujets. Les sujets sont très nombreux et divers: impact CO2 des données stockées, économie dans les déplacements des collaborateurs, accompagnement en période de crise, …

  • Un mixe industriel en résonance avec l’entreprise ou le projet

On peut présenter un mixe industriel sur  éléments: la prévisibilité, l’agilité et l’innovation de rupture. En matière d’investissement et cela de manière extrêmement grossière on peut considérer que pour beaucoup d’entreprises on est sur un 80/15/5. 80% pour être d’abord prévisible, 15% pour gagner en agilité, 5% pour introduire une innovation de rupture. Une innovation de rupture qui fera peut-être la croissance de demain mais surtout qui devra devenir agile pour que l’entreprise puisse la déployer, puis prévisible pour dégager du récurrent. Il est donc raisonnable de valider que son interlocuteur fournisseur d’infrastructure partage le même mixe que l’entreprise et si ce n’est pas le cas que ce soit fait en toute connaissance de cause.

 

Agilité, capture des opportunités –  Exigences sur l’infrastructure numérique

Quels sont les services d’infrastructures nécessaires à la performance économique. Ci-dessous les principaux services, la liste n’étant bien sûr pas exhaustive.

  • Intelligence Artificielle

Sujet au cœur des débats sur l’innovation et la transformation de la société. Les entreprises se doivent:

D’avoir une plate-forme (puissance, outils, data, framework, …) pour développer ses propres services et développer des axes concurrentiels forts.

D’utiliser les services disponibles dans l’ensemble des projets: que cela soit dans une feuille Excel et sur un écran d’accueil clients en magasin. Il faut donc avoir la maîtrise d’un catalogue complet avec les détails sur le coût, la vitesse, le niveau de performance, … et le faire savoir au sein de son entreprise.

D’utiliser des produits qui en tirent partis par exemple office365.

D’avoir une équipe métier pour accompagner afin de libérer l’imagination et les possibles, maîtriser les responsabilités notamment l’éthique, travailler sur l’évolution des métiers, …

  • Le Cloud

Enjeux stratégiques, financiers, environnementaux, … je ne reviendrai pas sur les points vus dans le chapitre précédent. Le cloud est la colonne vertébrale de l’infrastructure numérique. Et comme vu précédemment le cloud se doit d’être hybride.

  • Intelligences de proximités, distribuées et/ou centralisées

Le cloud  hybride peut accompagner beaucoup de situations mais ce n’est pas suffisant. Il faut aujourd’hui pouvoir projeter le résultat de calculs issus du cloud dans nos objets de proximités. Notre environnement doit pouvoir fonctionner pendant un certain temps même sans réseau. C’est pour cela que sont disponibles des technologies, patterns et standards pour, par exemple, pousser sur nos devices des modèles neuronaux qui pourront reconnaitre un objet ou traduire une phrase même sans réseau. Il est donc très important que votre partenaire infrastructure maitrise le monde des périphériques.

  • L’IoT

Tout objet, individu est aujourd’hui source permanente de données. Les volumes sont exponentiels, les attentes sont de plus en plus « temps réel », les sources de plus en plus variées et les échanges bidirectionnels parfois verbeux en tous les cas souvent contraints. Sur ces flux se construisent nos activités. Aussi la sécurisation des sources et échanges, la maitrise de la qualité de service attendue, la pleine exploitation des potentiels,  l’interopérabilité, et souvent la multi gouvernance associée  sont autant de challenges que doit porter l’infrastructure digitale.

  • La blockchain

La technologie blockchain laisse entrevoir des scénarios à très forts potentiels et également très en rupture avec les modes de fonctionnement de l’économie, de la finance ou de l’administration. L’infrastructure doit être en mesure de porter cette « révolution ».

  • Les graphes

Popularisés notamment par les réseaux sociaux, ils représentent aujourd’hui des outils extrêmement efficaces pour analyser nos échanges,  gérer la sécurité ou développer des « chaines de valeurs spontanées ». Avec la quatrième révolution industrielle nous quittons l’ère de méga plate-forme pour entrer dans l’ère des réseaux de micro-plateformes. Ce phénomène est notamment illustré par la montée en puissance des DNVBs ou des économies locales/circulaires.

  • Les APIs

Parce qu’il y aura toujours plus d’intelligence à l’extérieur de votre entreprise et que surtout parce que vous ne savez pas comment d’autres souhaitent exploiter votre savoir-faire, il est fondamental que vos « capabilities » (activités élémentaires) puissent être exposées au plus grand nombre, en interne comme en externe. Cette proposition s’inscrit dans une stratégie de croissance par les externalités et une plus grande prévisibilité ET agilité globale pour l’entreprise. Votre infrastructure doit vous fournir tous les éléments pour cette stratégie: sécurité, fédération d’identité, scalabilité, traçabilité, monétisation,  …

  • *Reality

Réalité augmentée, réalité virtuelle, … la XRéalité va progressivement s’imposer à nous. Le support des fondamentaux comme les moteurs de rendus, les traitements vectoriels, les espaces partagés/concurrents, gestion de communauté, l’hyperscaling,….  Il faut qu’ils puissent être portés par l’infrastructure.

  • Business Data/Process Model

Le système d’information aura à traiter des flux clients, employés, services et produits afin d’exécuter des tâches de ventes, marketing, gestion des talents, … Si l’infrastructure peut porter nativement  les modèles de données et process associés ce sera un accélérateur pour le développement de scénarios métiers qui ne vont cesser de se présenter et d’évoluer au fil des opportunités.

  • DevOps

Il faut aujourd’hui éviter les gros projets à effet tunnel, où quand on arrive finalement à délivrer on s’aperçoit que ce n’est pas ou plus le sujet.  Il faut en finir avec la séparation entre les études, le développement, le déploiement, la production, le support. Aussi quel que soit le sujet, l’architecte, le support, la technologie, les services, doit pouvoir compter sur des outils intégrés mais ouverts, supportant l’ensemble des phases projets. Ces outils devront permettre de tirer parti et de valoriser l’infrastructure, pleinement.

  • Des solutions / un écosystème

Une infrastructure propose un socle prévisible et agile mais elle prend toute sa valeur grâce à la richesse de son écosystème. Il est donc fondamental de s’assurer de la richesse et de la solidité de l’écosystème et cela sur les secteurs et les régions visés.

 

En conclusion

Le seul choix de l’infrastructure numérique ne sera pas suffisant pour accroître de manière corrélée sa prévisibilité et son agilité. Il faudra également développer une stratégie de croissance par les externalités afin de passer d’un modèle croissance linéaire du core business, vers un modèle  à base de sommes de cycles courts exponentiels autour du core. Je reviens sur ce point dans d’autres papiers mais en d’autres termes, faire de l’intégration, technique et business, sur les externalités à la vitesse/demande du marché. C’est le seul moyen d’espérer faire de la disruption et non de la transformation.

On peut naturellement combiner plusieurs fournisseurs d’infrastructure numérique. Le risque est alors de perdre en agilité et en prévisibilité. Ce choix doit donc être maitrisé pour qu’il soit profitable.

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